POURQUOI SOUTENONS-NOUS
LA CAMPAGNE DU FRONT DE GAUCHE POUR L’ELECTION
PRESIDENTIELLE ?
Tribune parue dans Le
Patriote du 6 avril 2012
Dans un contexte de crises sociales,
écologiques et démocratiques répétées et durables, où les politiques actuelles
imposent austérité, hystérie sécuritaire, racisme légitimé et régression de nos
droits fondamentaux, l’unité est indispensable pour imposer un autre futur que
celui auquel les capitalistes tentent, par tous les moyens, de nous condamner.
C’est avec tristesse que nous
constatons que l'organisation que nous avons construite tourne le dos avec
constance à toute tentative de rassembler politiquement notre camp social et
ses organisations face à Sarkozy et à l’austérité toujours plus violente qui
s’annonce.
L’isolement qui est le notre malgré la
fondation du NPA, se cristallise aujourd’hui dans une campagne présidentielle
que nous ne mènerons pas. Car c’est la fonction même de cette campagne qui nous
interroge, pas les qualités du candidat du NPA mais bien plutôt l’orientation
politique de ceux qui la dirigent.
Ceux-là même qui dénoncent le candidat
du Front de Gauche comme appartenant au camp des «politiciens professionnels en
cravate», qui affichent avec certitude sa future collaboration avec le PS, et
divisent ce qu’il s’agit d’unir : la volonté du peuple de gauche de se
débarrasser de Sarkozy tout en résistant à l’austérité.
Cela, alors même que nous voyons la
dynamique de la campagne du FdG, la maturité politique et la conscience qui s’y
fait jour.
Les dizaines de milliers de personnes
rassemblées à la Bastille ou dans les meetings du FdG ne disent pas autre
chose. Il faut que la gauche de gauche s’unisse et dise d’une seule voix :
Sarkozy dégage ! Assez d’austérité !
Le fait que des milliers de jeunes
vivent là leur première expérience militante, que des milliers de syndicalistes
voient avec cet instrument la possibilité d’un prolongement politique à leurs
engagements quotidiens, nous interpelle et nous
commande de nous positionner.
Car notre tradition politique
s'intéresse aux mouvements réels qui animent notre classe sociale, celle des
salariéEs, des chômeurs, des précaires, de toutES ceux-celles qui souffrent ou
ont unE proche qui souffre de la situation de précarité généralisée que les
gouvernements capitalistes nous imposent arbitrairement. Nous avons pour rôle
de les accompagner, et leur donner une perspective radicale contre l'ordre
existant.
Pas besoin donc de peindre cette
campagne en rouge pour comprendre que notre place est aux côtés de celles
et ceux qui mènent cette tentative de stopper le piétinement de nos
droits : au et dans le travail, en matière de santé comme d’information,
face au logement, comme face à la vieillesse, etc.
Nous savons les désaccords que nous
avons avec la campagne du FdG ou certaines déclarations de son candidat. Nous
ne partageons pas, par exemple, le rapport trop instrumental que les
principales forces du FdG entretiennent avec les mouvements sociaux. Nous
aimerions aussi que cette campagne soit plus offensive pour dessiner un avenir
débarrassé par exemple du nucléaire civil et militaire. Mais ces désaccords ne
changent rien à la conviction des milliers de salariés et de jeunes qui la
mènent. Et c’est ce processus de maturation politique que nous voulons continuer
d’accompagner.
D’autant que depuis plusieurs années,
nous travaillons avec l’ensemble des forces de gauche du département :
partis politiques, syndicats, associations, mouvements…, à travers les luttes
sociales telles que l’alter G20, le forum mondial alternatif de l’eau, les
collectifs gaz de schiste, les collectifs féministes, la lutte contre la dette
publique illégitime… .
Mais aussi, à faire fructifier les
acquis des batailles unitaires menées lors des cantonales de 2011 ou à travers
l’expérience « d’A Gauche Vraiment » à Antibes.
C’est dans le succès de cette campagne
que réside une partie des clefs de l’avenir.
Un score élevé de son candidat
contribuerait à redonner confiance à notre camp social pour les combats qui
s'annoncent.
Ce que nous appelons bloc de gauche
contre l'austérité ou front social et politique, est inscrit dans les
coordonnées de la situation politique. Nous qui pensons qu’il faut dans un même
mouvement, unir les anticapitalistes et construire ce bloc, nous savons que ce
n’est pas un problème à venir, mais une tâche qui s’inscrit dans le réel et ses
contradictions.
Le périmètre de ce bloc de gauche
contre l'austérité dépendra de la position du FdG et de ses organisations par
rapport à la participation à un gouvernement social-libéral et à une
politique d’austérité.
Depuis la création du NPA, dans les
Alpes Maritimes nous nous sommes battus sur un profil unitaire, tournant le dos
aux dérives sectaires qu’elles proviennent de nos partenaires aussi bien que de
notre direction nationale. Cela nous a conduits à
participer à la fondation de la Gauche Anticapitaliste (Courant Unitaire pour
l’Ecosocialisme). En son sein certain(e)s voteront sans doute pour la
candidature de Philippe Poutou ; sans être unanimes sur la question mais
soucieux de clarifier notre positionnement personnel publiquement nous soutiendrons
la candidature du Front de Gauche pour l’élection présidentielle dans la rue
comme dans les urnes.
Daniel ALATI, Jonathan ARCAMONE, Alain
BOUCHER, Philippe CARENZO, Loïc FORTUIT, Eve GALLIANO, Ali KABBAJ, Rossano
MOLFESE, Jocelyne LACROIX, militantEs du NPA, membres de la Gauche
Anticapitaliste courant unitaire pour l’écosocialisme.
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